À six mois du coup d’envoi, la hiérarchie entre les trois nations organisatrices du Mondial 2026 reste floue. Les États-Unis semblaient favoris en 2023 après leur parcours au Qatar, mais la dynamique a oscillé depuis. Le Mexique a rebondi avant de rechuter, le Canada a progressé sans exploser. Les trois pays ont changé d’entraîneur, remporté des trophées régionaux et nourri des ambitions variables. Analyse comparative de leurs forces, faiblesses et chances d’exploitation de l’avantage du terrain dans cette course à trois vers la gloire.
États-Unis : des montagnes russes émotionnelles
Le cycle américain a commencé dans l’euphorie après la victoire en Ligue des nations 2023 contre le Mexique. Gregg Berhalter proclamait : « Si nous continuons à nous développer ainsi, le ciel est la limite. » L’optimisme régnait après le parcours encourageant au Qatar 2022.
Un an plus tard, la débâcle 5-1 contre la Colombie en Copa América 2024 précipitait son licenciement. L’arrivée de Mauricio Pochettino a généré espoir puis doute, avant un basculement spectaculaire. Les victoires automnales contre le Japon, l’Australie et le Paraguay, suivies d’une démonstration 5-1 contre l’Uruguay, ont ravivé la flamme.
Pochettino et les joueurs ont adopté un slogan ambitieux : « Soyez réalistes et accomplissez l’impossible. » Tyler Adams vise « la meilleure performance américaine de l’histoire », soit une demi-finale. Les Américains possèdent désormais un avant-centre crédible (Folarin Balogun) et une profondeur d’effectif. Le plan directeur de Pochettino consistant à secouer les titulaires a fonctionné. Leur plafond paraît plus élevé que celui du Mexique et du Canada.
Mexique : l’inconsistance chronique sous pression maximale
Ce sera la troisième Coupe du monde organisée par le Mexique après 1970 et 1986. Mexico, Guadalajara et Monterrey promettent de laisser une impression formidable. Mais cette version de la sélection s’est montrée trop inconstante pour inspirer confiance.
Le Mexique a remporté la Ligue des nations en mars 2025 et la Gold Cup l’été suivant. Javier Aguirre semblait avoir restauré la combativité historique. Puis vinrent les défaites contre la Suisse (4-2) et la Colombie (4-0). Face à deux adversaires de calibre mondial, le Mexique a été surclassé tactiquement et physiquement.
Aguirre n’a toujours pas arrêté son onze type à six mois du tournoi. L’effectif 2026 ressemblera à celui de 2022 qui a échoué au Qatar. Quelques nouveaux visages : Gilberto Mora (17 ans), Marcel Ruíz, Santiago Giménez. Les récents amicaux ont révélé un manque de tranchant offensif. Des trois nations, le Mexique semble sous la plus forte pression, ce qui pourrait signifier désastre ou exploit historique.
Canada : l’outsider porteur d’une mission historique
Le Canada espère que ce tournoi changera le paysage sportif dominé par le hockey. Plus d’enfants jouent au football qu’à tout autre sport d’équipe depuis une génération, mais cette génération manque de héros. Atteindre les huitièmes pour la première fois constitue le minimum.
Jesse Marsch a solidifié l’identité canadienne en 2025, concentrant son travail sur un noyau stable d’environ 30 joueurs. Le Canada a disputé 14 matchs et n’en a perdu que deux. L’équipe est devenue la plus solide défensivement de la CONCACAF, n’encaissant qu’un but lors de ses six derniers matchs.
Le Canada s’est montré convaincant contre les Européens : victoires contre l’Ukraine, la Roumanie et le Pays de Galles. L’instantané le plus inspirant ? Le nul 0-0 contre la Colombie (13e mondiale) en octobre au New Jersey dans un stade hostile. Le Canada a dominé de longs passages, prouvant qu’il peut tenir tête aux équipes supérieures.
Le Canada doit encore créer et marquer avec la régularité de ses cohôtes. Mais son opportunité de surprendre et de changer la perception du football au pays constitue une motivation plus profonde que celle de ses rivaux. Les États-Unis possèdent le plafond technique le plus élevé, le Mexique porte le poids des attentes avec un effectif vieillissant, le Canada incarne l’outsider capable de tout renverser.
