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Six particularités qui feront de ce tournoi une édition hors normes

Six particularités qui feront de ce tournoi une édition hors normes

La Coupe du monde 2026 s’annonce comme la plus atypique de l’histoire. Trois pays organisateurs, 48 équipes au lieu de 32, des restrictions de voyage inédites et des distances démesurées entre les stades : ce tournoi bouleverse tous les codes établis. Entre innovations audacieuses et défis logistiques colossaux, cette édition nord-américaine cristallise les contradictions du football moderne. De nouvelles nations découvriront la scène mondiale, mais tous les supporters ne pourront pas voyager pour soutenir leur équipe.

Trois nations organisatrices dans un contexte politique tendu

Les Coupes du monde sont généralement organisées par un seul pays. L’exception notable reste le Mondial 2002 coorganisé par le Japon et la Corée du Sud, deux nations aux relations historiquement complexes. Le Mondial 2026 franchit un cap supplémentaire avec trois pays hôtes : les États-Unis, le Canada et le Mexique.

Cette configuration tripartite semblait idéale sur le papier. Les trois nations nord-américaines entretiennent habituellement de bonnes relations diplomatiques et commerciales. Mais le retour de Donald Trump à la présidence américaine a créé des tensions inattendues. Ses positions sur l’immigration et le commerce affectent directement les relations avec le Mexique, tandis que certaines déclarations ont également refroidi les rapports avec le Canada.

Des menaces de délocalisation de matchs

Plus inquiétant encore, Trump a menacé à plusieurs reprises de retirer des matchs aux villes gouvernées par des maires démocrates pour des raisons de « sécurité ». Lors d’une réunion à la Maison Blanche en novembre, Gianni Infantino n’a pas opposé de résistance frontale, se contentant d’affirmer que « la sécurité constitue la priorité numéro un pour une Coupe du monde réussie ». Cette validation implicite inquiète les observateurs sur d’éventuelles pressions politiques.

Une expansion démesurée à 48 équipes

L’élargissement de 32 à 48 sélections représente l’initiative la plus audacieuse de Gianni Infantino. Cette décision multiplie le nombre de rencontres : 104 matchs contre 64 au Qatar 2022. Le format passe de 8 à 12 groupes de quatre équipes, avec l’apparition d’une phase inédite : les seizièmes de finale.

Le tournoi s’étalera sur 39 journées contre 29 pour l’édition qatarie. Si les critiques estiment que l’expansion pourrait diluer la qualité, elle offre l’opportunité à de nouvelles nations de vivre le rêve mondial. Le Cap-Vert, Curaçao, la Jordanie et l’Ouzbékistan découvriront la scène mondiale. Curaçao impressionne particulièrement avec ses moins de 160 000 habitants.

Des distances continentales vertigineuses

Les distances du tournoi 2026 représentent un choc après le Qatar, petit territoire plus réduit que le Connecticut. Les stades les plus éloignés, Vancouver et Miami, se situent à 4 507 kilomètres l’un de l’autre. L’Allemagne devra parcourir 2 619 kilomètres rien que pour ses déplacements entre Houston, Toronto et le New Jersey lors de la phase de groupes. Cette logistique cauchemardesque multiplie la fatigue des équipes.

Pauses d’hydratation obligatoires systématiques

La FIFA a annoncé que tous les matchs du Mondial 2026 bénéficieront de pauses d’hydratation obligatoires, quelles que soient les conditions météorologiques. Les arbitres stopperont les rencontres à la 22e minute de chaque mi-temps pour permettre aux joueurs de se réhydrater.

Auparavant, ces pauses n’intervenaient qu’à la 30e minute lorsque la température dépassait 31 degrés Celsius. Ce changement répond aux températures extrêmes attendues dans certaines villes hôtes, comme lors de la Coupe du monde des clubs de l’été dernier.

Des restrictions de voyage politiquement motivées

Voici peut-être l’aspect le plus troublant de ce Mondial. Deux pays qualifiés, l’Iran et Haïti, se trouvent sous le coup d’une interdiction de voyage décrétée par le président Trump en juin dernier. Concrètement, leurs supporters ne peuvent actuellement pas se rendre aux États-Unis pour encourager leurs équipes nationales.

En décembre, Trump a imposé des restrictions partielles de voyage à deux autres nations qualifiées : la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Ces mesures créent une situation inédite et profondément injuste où certains fans se voient privés du droit d’assister à la plus grande fête du football.

Les joueurs épargnés mais pas les supporters

Les équipes elles-mêmes ne devraient pas rencontrer de difficultés pour entrer sur le territoire américain. Le décret exécutif de Trump prévoit des exceptions pour « tout athlète ou membre d’une équipe sportive, incluant entraîneurs, personnel de soutien et famille proche, voyageant pour la Coupe du monde, les Jeux olympiques ou autre événement sportif majeur ».

Mais cette exemption ne couvre pas les supporters ordinaires. Des milliers de fans iraniens, haïtiens, ivoiriens et sénégalais se retrouvent ainsi exclus de leur propre fête nationale. Une discrimination qui entache l’esprit universel censé caractériser la Coupe du monde et qui pourrait créer des précédents dangereux pour les futurs tournois internationaux.

Cette édition 2026 cristallise toutes les tensions du football contemporain : entre expansion commerciale et qualité sportive, entre ambitions planétaires et réalités géopolitiques, entre inclusivité affichée et exclusions politiques. Le terrain décidera si le spectacle sportif parvient à transcender ces contradictions.