La polémique enfle autour de la billetterie du Mondial 2026. La FIFA fait face à des accusations sans précédent après avoir mis en place un système de revente officiel lui rapportant 30% de chaque transaction. Cette stratégie, rendue possible par la législation américaine et canadienne, suscite l’indignation des associations de supporters qui dénoncent une marchandisation excessive du football.
Un système de revente qui enrichit la FIFA
Le mécanisme mis en place par l’instance dirigée par Gianni Infantino profite d’un vide juridique nord-américain. Contrairement à l’Europe où la revente de billets est strictement encadrée, les États-Unis et le Canada autorisent ce marché secondaire. La FIFA s’engouffre dans cette brèche avec une plateforme officielle prélevant 15% au vendeur et 15% à l’acheteur.
Prenons un exemple concret. Un supporter met en vente son billet à 1000 dollars sur la plateforme FIFA. L’acheteur devra débourser 1150 dollars, tandis que le vendeur ne récupérera que 850 dollars. Les 300 dollars de différence ? Direction les caisses de la fédération internationale. Ce dispositif représente une manne financière colossale, surtout quand on sait que plus de 4,5 millions de demandes ont été enregistrées lors de la première fenêtre de vente en octobre.
Les supporters européens montent au créneau
Football Supporters Europe et l’organisation Euroconsumers ont adressé une lettre cinglante à Heimo Schirgi, directeur des opérations de la FIFA. Leur message ne laisse aucune place au doute : « Le fait que la revente soit légale ne signifie pas que la FIFA doive devenir le revendeur ». Les associations dénoncent une maximisation des profits déguisée en adaptation au marché.
Leur argumentaire va plus loin en rappelant la nature particulière du football. « Le Mondial n’est pas un produit commercial comme les autres : c’est un événement culturel mondial qui dépend de la passion, de la loyauté et de l’inclusion des supporters ordinaires », martèle la lettre. Cette position reflète une inquiétude grandissante : celle de voir les fans modestes écartés par des tarifs prohibitifs.
Des prix déjà stratosphériques
Au-delà du système de revente, les tarifs initiaux provoquent déjà la stupeur. Certains billets pour les quarts de finale dépassent allègrement les quatre chiffres. La FIFA justifie cette politique en affirmant suivre « les pratiques actuelles du marché pour les grands événements sportifs » organisés en Amérique du Nord.
Un recul partiel sur les prix dynamiques
Face à la mobilisation des supporters, la FIFA a consenti un geste. L’organisation a renoncé au système de tarification dynamique pour les prochaines phases de vente. Ce mécanisme, qui faisait fluctuer les prix selon la demande en temps réel, avait été vivement critiqué par les associations de consommateurs qui le jugeaient « inadapté au football ».
Cette concession reste toutefois limitée. La plateforme de revente avec ses commissions de 30% demeure en place, et rien n’indique que la FIFA renoncera à cette source de revenus substantielle. L’instance internationale défend sa position en expliquant que ces frais dissuaderont les spéculateurs professionnels d’acheter massivement des billets pour les revendre.
Un précédent qui interroge
Le contraste avec les éditions précédentes est saisissant. Lors des Coupes du Monde antérieures, la FIFA ne prélevait que 10% maximum sur les reventes, avec des prix encadrés. Pour 2026, l’absence de régulation dans les pays hôtes transforme radicalement la donne. Sur les 104 matchs programmés, 91 se dérouleront aux États-Unis et au Canada, offrant à la fédération américaine et à ses partenaires un terrain de jeu commercial sans limites.
Cette situation pose une question fondamentale sur l’avenir du football mondial. Les supporters craignent que ce modèle économique ne devienne la norme, reléguant progressivement les fans traditionnels au second plan. La première phase de vente officielle débute le 11 décembre, mais l’ambiance est déjà tendue entre la communauté des supporters et l’instance mondiale du football.
