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La FIFA prépare une révolution du VAR pour le Mondial 2026

La FIFA prépare une révolution du VAR pour le Mondial 2026

L’instance mondiale du football franchit une nouvelle étape dans l’usage de la technologie d’arbitrage. À quelques mois du Mondial 2026, la FIFA envisage d’élargir le champ d’action du VAR aux corners contestés et aux secondes cartes jaunes. Une initiative qui divise déjà les dirigeants du football mondial, alors que Pierluigi Collina défend avec fermeté cette évolution qu’il juge nécessaire pour garantir l’équité des matchs.

Des situations jusqu’ici hors d’atteinte de la technologie

Le VAR pourrait connaître sa plus importante mutation depuis son introduction. Actuellement, l’assistance vidéo intervient sur quatre types de situations : les buts, les penalties, les cartons rouges directs et les erreurs d’identification. La FIFA souhaite ajouter une cinquième catégorie en intégrant la vérification des corners mal accordés et des secondes cartes jaunes. Cette annonce a été confirmée par Pierluigi Collina, directeur de l’arbitrage à la FIFA, lors d’une session informative à Washington.

Pourquoi cette extension maintenant ? L’histoire récente des grandes compétitions regorge d’exemples où un corner mal attribué a changé le cours d’une rencontre décisive. Collina estime qu’il serait regrettable qu’un match se décide sur une erreur involontaire plutôt que sur le jeu des footballeurs. Cette philosophie guide la démarche de la FIFA : minimiser au maximum l’impact de l’erreur humaine sur les résultats.

Un timing qui ne perturberait pas le spectacle

L’une des principales objections à l’élargissement du VAR concerne les interruptions répétées du jeu. Collina balaie cette inquiétude avec un argument pragmatique : entre le moment où un corner est sifflé et son exécution, il s’écoule généralement entre 10 et 15 secondes, le temps que les défenseurs centraux remontent. Ce délai naturel offrirait une fenêtre suffisante pour qu’un arbitre vidéo vérifie la décision initiale.

L’ancien arbitre italien pose une question directe : si la technologie permet de détecter qu’un corner a été mal accordé, pourquoi ignorer volontairement cette information ? Cette logique transparente se heurte pourtant à des résistances concrètes au sein des instances dirigeantes.

Les secondes cartes jaunes dans le viseur

L’autre innovation majeure concerne l’accumulation de cartons. Aujourd’hui, le VAR peut intervenir uniquement sur une expulsion directe, pas sur une seconde carte jaune menant à l’exclusion d’un joueur. Cette limite a parfois créé des situations absurdes où un arbitre expulsait un joueur par erreur sans possibilité de correction.

Imaginez un défenseur qui reçoit une première carte jaune légitime en début de match. Plus tard, sur une action litigieuse, l’arbitre sort un second carton alors que le joueur n’a commis aucune faute. Actuellement, impossible de revenir en arrière. Avec le système proposé, le VAR disposerait des « pouvoirs spéciaux » pour intervenir et corriger ce type d’erreur flagrante. Cette réforme s’inscrit dans une logique plus large de technologisation du football, comme le montre également la préparation de la FIFA pour les règles du penalty et du VAR.

Une opposition qui se structure

Le projet ne fait pas l’unanimité. Mark Bullingham, représentant de la Fédération anglaise et membre de l’IFAB (l’organisme qui dicte les lois du jeu), s’est publiquement opposé à toute extension supplémentaire du VAR. Cette position reflète les craintes d’une partie du monde du football : celle de voir le jeu se fragmenter davantage, perdre en fluidité et s’éloigner de son essence spontanée.

L’IFAB avait d’ailleurs refusé en octobre dernier d’approuver l’extension du VAR aux corners lors d’une réunion. Ce rejet oblige désormais l’instance à conduire des tests approfondis à travers le monde avant toute implémentation au Mondial. La FIFA semble pourtant déterminée à passer outre les réticences et à imposer son système pour la compétition de 2026.

Un calendrier tendu avant le coup d’envoi

Le Mondial débute en juin 2026, dans moins de sept mois. Former les arbitres à ces nouveaux protocoles, tester les systèmes dans des conditions réelles, communiquer clairement auprès des équipes et du public : l’agenda s’annonce chargé. La FIFA devra trancher définitivement dans les semaines qui viennent.

Cette réforme s’inscrit dans une logique plus large de technologisation du football. Après la goal-line technology qui a révolutionné la détection des buts, après le VAR classique qui a transformé l’arbitrage moderne, voici venu le temps d’une troisième vague d’innovation. Certains y voient une évolution naturelle vers plus d’équité. D’autres craignent une dérive vers un modèle où chaque action devient potentiellement contestable, à l’image du football américain et de ses multiples challenges.

L’enjeu d’une finale sans polémique

Selon The Telegraph, la motivation profonde de la FIFA réside dans sa volonté de disposer d’outils supplémentaires pour éviter les erreurs embarrassantes, particulièrement lors de la finale du Mondial. Chaque controverse arbitrale laisse des traces durables dans la mémoire collective du football. Les exemples abondent, de la main de Maradona en 1986 au but fantôme de Lampard en 2010.

Le Mondial 2026 sera aussi le premier à rassembler 48 sélections au lieu de 32. Cette expansion augmente mécaniquement le nombre de matchs et, par conséquent, les occasions d’erreurs arbitrales susceptibles de créer des polémiques internationales. Dans ce contexte, la FIFA cherche manifestement à blinder son système avant que l’histoire ne se répète.

Reste à savoir si cette quête de perfection technologique ne finira pas par altérer la nature même du football, ce sport où l’humain – avec ses qualités et ses imperfections – demeure au cœur du spectacle.

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