Le football n’a jamais été aussi grand. Reste à savoir s’il est devenu meilleur. Alors que le sport-roi s’apprête à vivre une année 2026 démesurée avec un Mondial élargi à 48 nations, la FIFA persiste dans sa stratégie d’expansion tous azimuts. L’instance dirigeante considère l’appétit pour le football comme illimité, balayant les préoccupations croissantes sur la qualité des rencontres, la fatigue des joueurs et l’équilibre compétitif.
La Coupe du monde des clubs comme laboratoire
La FIFA brandit les chiffres de l’année écoulée comme preuve de la pertinence de sa vision. La Coupe du monde des clubs élargie à 32 équipes, disputée aux États-Unis, a attiré 2,4 millions de spectateurs. La finale entre Chelsea et le Paris Saint-Germain a rassemblé 81 000 personnes dans les tribunes. Pour Gianni Infantino et ses équipes, ces données valident l’expansion.
Mais cette même compétition a révélé des failles béantes. Auckland City s’est fait laminer 10-0 par le Bayern Munich puis 6-0 par Benfica. Al Ain a subi des corrections similaires. Ces déculottées, autrefois exceptionnelles, risquent de se multiplier lors du Mondial 2026 qui réunira 48 nations sur les pelouses américaines, canadiennes et mexicaines.
104 matchs : marathon ou calvaire ?
Le nouveau format mondial prévoit 104 rencontres au total. Un marathon qui promet le spectacle mais menace aussi l’épuisement généralisé. La FIFPro, syndicat international des joueurs professionnels, tire la sonnette d’alarme. Les taux de blessures grimpent, le burn-out guette, et le calendrier surchargé ne montre aucun signe d’allègement.
Les phases de groupes offriront leur lot de surprises et de belles histoires. Le Cap-Vert, Curaçao, la Jordanie ou l’Ouzbékistan découvriront l’ivresse mondiale. Mais l’histoire suggère que les phases finales appartiendront aux puissances habituelles : l’Argentine tenante du titre, la France, le Brésil, l’Espagne, l’Angleterre et l’Allemagne.
Messi contre Ronaldo : l’ultime rendez-vous manqué ?
Deux figures continuent de dominer le paysage footballistique. Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, joueurs emblématiques du XXIe siècle, ne se sont jamais affrontés en Coupe du monde. Ce rendez-vous manqué de l’histoire pourrait enfin se concrétiser à Kansas City lors d’un hypothétique quart de finale. Messi aura 39 ans, Ronaldo 41.
Aucun des deux géants ne montre de signes de déclin volontaire. Ronaldo enchaîne les buts avec Al-Nassr et a mené le Portugal au titre en Ligue des nations. Messi, désormais en MLS, a soulevé la Coupe avec l’Inter Miami tout en raflant le titre de MVP et le Soulier d’or. Leur éloignement des championnats européens a libéré de l’espace pour une nouvelle génération.
Dembélé s’empare enfin de son destin
Ousmane Dembélé a saisi cette opportunité avec panache. Le Français a remporté le Ballon d’Or et le titre de joueur FIFA de l’année après une saison exceptionnelle. Ses 33 buts en 49 apparitions ont permis au Paris Saint-Germain d’accomplir le triplé historique couronné par une démolition 5-0 de l’Inter Milan en finale de Ligue des champions.
Dembélé a devancé une concurrence féroce. Lamine Yamal, phénomène du Barça, a inspiré un 28e titre de Liga. Mohamed Salah a délivré 47 contributions offensives pour offrir le titre à Liverpool. Aitana Bonmati a décroché un troisième Ballon d’Or féminin consécutif, tandis que l’Euro 2025 s’est achevé sur une victoire anglaise contre l’Espagne aux tirs au but.
La révolution technologique en marche
Les changements ne se limitent pas au terrain. La Ligue des champions réformée de l’UEFA à 36 équipes a créé un suspense inédit avec 27 clubs en lice avant la dernière journée. La Premier League maintient sa domination économique : six clubs anglais qualifiés pour la C1 2025-26, alimentés par 3 milliards de livres dépensés en un seul mercato estival.
La technologie progresse à grands pas. La FIFA a introduit des décisions de hors-jeu semi-automatiques plus rapides. Le Mondial 2026 sera le plus avancé technologiquement de l’histoire, avec le ballon Trionda équipé d’intelligence artificielle pour assister les arbitres en temps réel.
Entre ambition démesurée et risques structurels
Cette course au gigantisme soulève des interrogations fondamentales. Le football peut-il supporter indéfiniment cette expansion ? Les joueurs tiendront-ils le rythme infernal ? La qualité résistera-t-elle à la quantité ?
La FIFA parie que l’appétit mondial pour le football est sans limite. Les audiences télévisées lui donnent raison sur le plan économique. Mais le sport ne se résume pas aux bilans comptables. L’équilibre compétitif et la santé des acteurs devraient primer sur la logique d’expansion permanente.
Le Mondial 2026 constituera un test grandeur nature. Si les phases finales restent palpitantes malgré des groupes déséquilibrés, l’expérience sera validée. Sinon, la FIFA devra reconsidérer sa trajectoire. Le football mérite mieux qu’une course sans fin vers toujours plus grand, toujours plus riche, parfois moins bon.
