Le tirage au sort a dévoilé les routes potentielles de l’Angleterre vers la finale du 19 juillet au MetLife Stadium de New York-New Jersey. Thomas Tuchel peut déjà planifier son parcours, avec un avantage de taille : grâce au système de têtes de série façon Wimbledon, les Three Lions éviteront l’Espagne et l’Argentine jusqu’en demi-finale, et la France jusqu’en finale. Mais le chemin reste semé d’embûches monumentales, avec le Brésil, le Mexique ou la Belgique en embuscade.
Le tirage au sort de Washington a livré son verdict vendredi dernier. Et pour l’Angleterre, la nouvelle est plutôt bonne. Pas excellente, mais bonne. Thomas Tuchel, nommé à l’automne 2024 avec la mission unique d’ajouter une deuxième étoile au maillot anglais – la première remontant à 1966 – peut désormais esquisser son plan de bataille.
Car la FIFA a introduit cette année un système de têtes de série inspiré de Wimbledon. Concrètement, si les quatre premières nations mondiales – l’Espagne, l’Argentine, la France et l’Angleterre – terminent toutes premières de leur groupe respectif, elles ne pourront pas se croiser avant les demi-finales, voire la finale. Un avantage stratégique colossal qui ouvre un couloir royal vers les derniers carrés.
Le calendrier de la phase de groupes
L’Angleterre évoluera dans le groupe L aux côtés de la Croatie, du Ghana et du Panama. Un tirage plutôt clément sur le papier, même si les Croates restent des adversaires coriaces et expérimentés.
17 juin : Angleterre-Croatie à Dallas ou Toronto, 21h (heure britannique)
23 juin : Angleterre-Ghana à Boston ou Toronto, 21h
27 juin : Panama-Angleterre à New York-New Jersey ou Philadelphie, 22h
Trois matchs que les Three Lions devraient théoriquement maîtriser. La Croatie, finaliste en 2018 et demi-finaliste en 2022, arrive avec une génération dorée sur le déclin. Luka Modrić, s’il joue à 40 ans, ne pourra plus porter l’équipe à lui seul comme par le passé. Le Ghana et le Panama, bien que respectables, ne devraient pas inquiéter une sélection anglaise bourrée de talents de Premier League.
L’objectif de Tuchel est clair : terminer premier du groupe. Car selon que les Three Lions finissent à la première ou à la deuxième place, leur parcours change radicalement. Et pas dans le bon sens s’ils ratent la pole position.
Scénario 1 : si l’Angleterre termine première du groupe L
C’est le scénario idéal. Celui qui ouvre la route la plus dégagée – enfin, relativement – vers la finale du 19 juillet.
Seizième de finale (1er juillet, Atlanta) : Angleterre contre un troisième de groupe E, H, I, J ou K
Premier adversaire à élimination directe, probablement une équipe de second rang ayant arraché sa qualification in extremis. Rien d’insurmontable.
Huitième de finale (5 juillet, Mexico) : Angleterre contre le Mexique
Voilà où les choses se compliquent. Affronter le Mexique à Mexico, devant 87 000 supporters déchaînés dans le mythique Estadio Azteca, à plus de 2 200 mètres d’altitude, constitue l’un des plus grands défis du football international. L’atmosphère sera hostile, assourdissante, électrique. Les Mexicains joueront à domicile avec une pression de résultat colossale. L’Angleterre devra sortir le grand jeu pour passer ce piège redoutable.
Quart de finale (11 juillet, Miami) : Angleterre contre le Brésil
Si les Three Lions survivent au Mexique, ils tomberont probablement sur le Brésil de Carlo Ancelotti en quarts de finale à Miami. La Seleção arrive avec Vinicius Jr, Raphinha et une armada de talents offensifs. Un choc de titans. Un match qui pourrait définir tout le tournoi. L’Angleterre n’a jamais vraiment dominé le Brésil dans l’histoire des Coupes du monde. Ce serait l’occasion de renverser cette tendance.
Demi-finale (15 juillet, Atlanta) : Angleterre contre l’Argentine
Ah, l’Argentine. Les champions du monde en titre. Lionel Messi dans sa quête de doublé historique. Un affrontement chargé d’histoire, de tensions, de souvenirs brûlants. La Main de Dieu de 1986. Les tirs au but de 1998. Les polémiques de 2002. Chaque rencontre entre l’Angleterre et l’Argentine porte en elle un poids émotionnel gigantesque. Si cette demi-finale se concrétise, elle sera électrique, brutale, mémorable. Et peut-être décisive pour les deux nations.
Finale (19 juillet, New York-New Jersey) : Angleterre contre l’Espagne
Le summum. La Roja, championne d’Europe en titre, avec Lamine Yamal, Nico Williams, Pedri, Rodri… Une machine offensive redoutable. Une finale de rêve au MetLife Stadium devant près de 90 000 spectateurs. L’Angleterre face à l’équipe probablement la plus en forme de la planète. Ce serait le match parfait pour couronner un parcours héroïque.
Scénario 2 : si l’Angleterre termine deuxième du groupe L
Terminer deuxième change tout. Le parcours devient bien plus périlleux, bien plus tôt.
Seizième de finale (2 juillet, Toronto) : Angleterre contre la Colombie
Les Cafeteros ne sont pas des adversaires faciles. Luis Díaz, James Rodríguez (s’il est sélectionné), une équipe physique, technique, difficile à manœuvrer. Un premier obstacle délicat.
Huitième de finale (6 juillet, Dallas) : Angleterre contre l’Espagne
Catastrophe. Tomber sur l’Espagne dès les huitièmes de finale serait un cauchemar absolu. Affronter la meilleure équipe du tournoi – ou l’une des meilleures – à ce stade précoce signifierait probablement la fin de l’aventure anglaise. L’Espagne a tout : la technique, la tactique, la jeunesse, l’expérience des grands rendez-vous. Passer ce tour relèverait de l’exploit monumental.
Quart de finale (10 juillet, Los Angeles) : Angleterre contre la Belgique
Si par miracle l’Angleterre bat l’Espagne, elle retrouverait la Belgique. Une équipe en fin de cycle avec Kevin De Bruyne, Romelu Lukaku et Thibaut Courtois vieillissants, mais toujours dangereux. Un match piège où l’usure nerveuse du tour précédent pourrait jouer des tours.
Demi-finale (14 juillet, Dallas) : Angleterre contre la France
Les champions du monde 2018 et finalistes 2022. Kylian Mbappé, Ousmane Dembélé, une défense de fer avec William Saliba… Une montagne encore plus haute à gravir. Un derby européen sous haute tension, avec toute la rivalité historique qui va avec.
Finale (19 juillet, New York-New Jersey) : Angleterre contre l’Argentine
Même destination finale, mais après un parcours épuisant, jonché de matchs à couper le souffle. Arriver en finale après avoir battu la Colombie, l’Espagne, la Belgique et la France tiendrait du miracle sportif. À ce stade, l’équipe serait probablement à bout de forces physiques et nerveuses.
Et si l’Angleterre termine troisième ?
Techniquement, c’est possible. Huit des douze équipes classées troisièmes se qualifieront pour les seizièmes de finale grâce au nouveau format à 48 équipes. Mais les routes possibles deviennent alors tellement complexes et dépendantes des résultats des autres groupes qu’il est impossible de les tracer avec précision à ce stade.
Ce qui est certain, c’est qu’une troisième place compliquerait drastiquement le parcours. L’Angleterre se retrouverait projetée dans la partie du tableau la plus imprévisible, avec des adversaires déterminés au hasard des calculs de classement. Un scénario à éviter absolument.
La mission de Tuchel : transformer l’essai
Thomas Tuchel sait exactement pourquoi il a été recruté. Pas pour participer. Pas pour bien figurer. Mais pour gagner. Ajouter cette deuxième étoile au maillot anglais. Faire taire 58 ans de frustration nationale. Transformer une génération dorée en champions du monde.
Le tacticien allemand possède l’expérience des grands rendez-vous. Il a remporté la Ligue des champions avec Chelsea. Il a atteint la finale avec le PSG. Il sait gérer la pression des matchs couperets, construire des plans tactiques pour neutraliser les meilleures équipes du monde.
Mais il sait aussi que le talent seul ne suffit pas. L’Angleterre regorge de stars : Harry Kane, Bukayo Saka, Jude Bellingham, Declan Rice, Cole Palmer… Sur le papier, cette équipe peut rivaliser avec n’importe qui. Dans les faits, elle devra prouver qu’elle peut gérer la pression des moments décisifs. Car c’est là que l’Angleterre a toujours échoué par le passé.
Les fantômes des échecs passés hantent encore les esprits. Les défaites en demi-finales, les éliminations aux tirs au but, les occasions ratées. Tuchel a six mois pour exorciser ces démons. Six mois pour construire une mentalité de gagnants. Six mois pour préparer chaque détail tactique, physique, mental.
Le 19 juillet, rendez-vous avec l’histoire
Tout mène au MetLife Stadium de New York-New Jersey. Le 19 juillet 2026, sous les projecteurs de la plus grande finale de l’histoire du football, une équipe soulèvera le trophée le plus convoité de la planète.
L’Angleterre rêve que ce soit elle. Que Harry Kane brandisse enfin ce titre majeur qui manque à son palmarès. Que les supporters anglais, présents par dizaines de milliers dans le New Jersey, explosent de joie après presque six décennies d’attente.
Mais pour y arriver, il faudra battre le Mexique chez lui. Renverser le Brésil. Dompter l’Argentine de Messi. Et peut-être affronter l’Espagne en finale. Un chemin de croix footballistique. Une épreuve de tous les instants.
La route est tracée. Les adversaires sont connus. Maintenant, place au travail. Place à la préparation. Place aux rêves, aussi. Car dans six mois, l’Angleterre aura une chance historique de graver son nom dans le marbre du football mondial.
Reste à savoir si Thomas Tuchel et ses joueurs sauront transformer cette opportunité en réalité. Le 19 juillet au soir, nous aurons la réponse.
