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Mondial 2026 : la révolte des supporters face à des prix de billets « extorqués » par la FIFA

Mondial 2026 : la révolte des supporters face à des prix de billets "extorqués" par la FIFA

À six mois du coup d’envoi du Mondial 2026, la fête devrait battre son plein. Mais une polémique violente vient d’exploser : les prix des billets atteignent des sommets inédits. Plus de 4 000 dollars pour assister à la finale, près de 7 000 dollars pour suivre son équipe du premier match jusqu’au sacre. Les supporters les plus fidèles crient à la trahison et accusent Gianni Infantino de transformer le football en produit de luxe réservé aux riches.

La dernière phase de vente de billets vient d’ouvrir cette semaine. Et avec elle, une vague d’indignation mondiale. Les supporters du monde entier découvrent brutalement que suivre leur équipe nationale au Mondial 2026 leur coûtera une fortune. Une fortune qui dépasse largement ce qu’ils avaient anticipé. Et surtout, largement plus que lors du précédent Mondial au Qatar.

7 000 dollars pour suivre son équipe jusqu’au bout

Football Supporters Europe (FSE), organisation qui représente les intérêts des supporters à travers le continent, ne mâche pas ses mots. Dans un communiqué cinglant, le groupe s’est déclaré « stupéfait par les prix extorqués imposés par la FIFA aux supporters les plus dévoués ».

Les chiffres donnent le vertige. Selon les informations dont dispose le FSE, un supporter fidèle devra débourser au minimum 6 900 dollars pour suivre son équipe depuis le premier match de poules jusqu’à la finale. Soit près de cinq fois plus qu’au Qatar en 2022. Cinq fois plus.

Ce bond stratosphérique ne s’explique pas uniquement par les billets eux-mêmes. Il faut ajouter les frais de voyage entre les villes hôtes (souvent séparées par des milliers de kilomètres), les hébergements dans trois pays différents, la nourriture, les transports locaux. Le Mondial 2026 se jouera aux États-Unis, au Canada et au Mexique : trois nations où le coût de la vie est bien supérieur à celui du Qatar.

Mais le problème principal reste le prix d’entrée dans les stades. Et là, la FIFA a frappé fort. Trop fort selon des milliers de supporters qui suivent leur sélection depuis des décennies.

L’exemple anglais qui fait froid dans le dos

Prenons le cas de l’Angleterre, nation au soutien populaire massif. La Fédération anglaise de football a partagé jeudi dernier sa structure tarifaire avec les groupes de supporters fidèles. Le verdict est brutal.

Le billet le moins cher pour le match d’ouverture de l’Angleterre contre la Croatie coûtera 265 dollars. Ce n’est que le début. Si les Three Lions atteignent la finale, le billet le moins cher grimpera à 4 185 dollars. Le plus cher ? 8 680 dollars. Pour un seul match.

Et ce n’est pas tout. Les supporters devront payer leurs billets dès début 2026. Autrement dit, débourser des milliers de dollars des mois à l’avance, sans même savoir si leur équipe se qualifiera pour les phases finales. Un pari financier risqué que beaucoup ne peuvent tout simplement pas se permettre.

La Football Supporters’ Association (FSA), qui représente les supporters en Angleterre et au Pays de Galles, a dénoncé des prix qui représentent « un pas de trop pour de nombreux supporters ». Puis l’organisation a lâché une phrase dévastatrice : « Tout ce que nous craignions concernant la direction que la FIFA veut donner au football s’est confirmé. Gianni Infantino ne voit la fidélité des supporters que comme quelque chose à exploiter pour générer du profit. »

Le système d’allocation qui exclut les fidèles

Le problème ne vient pas seulement des montants. Il vient aussi du système mis en place par la FIFA. Jeudi dernier, l’instance mondiale a alloué des billets aux associations nationales des équipes participantes, dans ce qu’elle appelle l’allocation PMA (Participating Member Association).

En théorie, ce système devrait permettre aux fédérations de vendre des billets à leurs supporters les plus loyaux – ceux qui se qualifient via des groupes de supporters ou des programmes de fidélité. Ceux qui ont suivi leur équipe pendant des années, à travers victoires et défaites, dans les bons et les mauvais moments.

Mais en pratique, ces supporters fidèles font face à un dilemme déchirant : cracher au bassinet ou rester à la maison pour préserver leur compte en banque. Beaucoup, après des décennies de soutien indéfectible, réalisent qu’ils ne pourront tout simplement pas se permettre d’aller au Mondial.

Pire encore : la FIFA a confirmé qu’il y aura quatre catégories de billets, la moins chère proposant des places à 60 dollars pour les matchs de poules. Mais ces billets bon marché n’ont pas été rendus accessibles aux associations nationales. Concrètement, les supporters les plus fidèles doivent payer bien plus cher que les spectateurs lambda pour garantir de voir leur équipe jouer.

Une tarification à la demande qui casse la tradition

Nouveauté historique pour ce Mondial 2026 : il n’y aura plus de prix fixe pour les matchs de phase de groupes. Chaque rencontre sera tarifée selon la demande anticipée. Ce qui signifie que des supporters de nations différentes paieront des prix différents pour des matchs au même stade du tournoi.

Un match mettant en scène l’Angleterre ou le Brésil coûtera bien plus cher qu’une rencontre entre deux nations moins médiatiques. La logique est purement commerciale, capitaliste, basée sur l’offre et la demande. Mais elle rompt avec une tradition fondamentale du football mondial : l’égalité d’accès.

Football Supporters Europe n’a pas hésité à qualifier cette approche de « trahison monumentale de la tradition de la Coupe du monde, ignorant la contribution des supporters au spectacle qu’elle représente ».

L’organisation européenne a même appelé la FIFA à suspendre les ventes de billets « jusqu’à ce qu’une solution respectant la tradition, l’universalité et la signification culturelle de la Coupe du monde soit trouvée ». Une demande ferme, sans ambiguïté. Mais qui a peu de chances d’être entendue.

Le silence assourdissant de la FIFA

Face à ce tollé, la FIFA garde le silence. CNN Sports a contacté l’instance pour obtenir un commentaire. Aucune réponse n’a été fournie jusqu’à présent. Un silence qui en dit long sur l’embarras – ou l’indifférence – de l’organisation dirigée par Gianni Infantino.

Pourtant, la FIFA s’est longtemps vantée d’organiser une Coupe du monde « accessible à tous ». Les discours officiels répétaient que le prix des billets permettrait au plus grand nombre de vivre l’événement. Mais entre la communication et la réalité, le fossé est abyssal.

La FIFA a déjà lancé deux phases de vente de billets avant le tirage au sort et la confirmation du calendrier début décembre. Mais c’est la première fois que les supporters peuvent demander des billets pour des matchs dont ils savent avec certitude que leur équipe y participera. Et c’est à ce moment-là que la douche froide est arrivée.

Ceux qui ne se qualifient pas pour l’allocation PMA peuvent également demander des billets pour des matchs individuels via le tirage au sort aléatoire, également ouvert jeudi. Mais là encore, les prix restent prohibitifs pour beaucoup.

La peur d’une ambiance morte dans les stades

Au-delà de l’injustice ressentie par les supporters fidèles, il y a une conséquence sportive directe : l’atmosphère dans les stades. Si les vrais supporters, ceux qui chantent pendant 90 minutes, qui créent l’ambiance, qui portent leur équipe, ne peuvent pas se payer le voyage, qui remplira les tribunes ?

La réponse est évidente : des spectateurs occasionnels, des touristes fortunés, des clients VIP, des entreprises qui achètent des paquets hospitalité. Des gens qui viennent davantage pour l’événement que pour le football lui-même. Des gens qui ne connaissent peut-être pas les chants, qui ne vibrent pas de la même manière, qui ne créent pas cette énergie électrique qui fait la magie du football.

Le risque est réel : des stades remplis mais silencieux. Des ambiances feutrées, presque corporate. Une Coupe du monde qui ressemblerait davantage à un événement de networking qu’à une fête populaire mondiale. Pour beaucoup, ce serait la mort du football tel qu’on l’aime.

Les supporters, carburant oublié du football mondial

Car il faut le rappeler : les supporters sont le sang du football. Sans eux, pas d’atmosphère. Sans eux, pas de passion. Sans eux, le football n’est qu’un spectacle aseptisé, vidé de son âme.

Ces supporters qui paient leur cotisation au club local depuis des décennies. Qui voyagent à travers leur pays et à l’étranger pour soutenir leur équipe. Qui économisent toute l’année pour pouvoir s’offrir un déplacement. Qui transmettent leur passion à leurs enfants, perpétuant une tradition familiale. Ce sont eux qui font vivre le football au quotidien.

Mais pour la FIFA, manifestement, cette contribution ne pèse pas lourd face aux opportunités de profit. Le Mondial 2026 sera le plus grand jamais organisé : 48 équipes, 104 matchs, 16 villes hôtes. Les recettes attendues sont colossales. Mais à quel prix humain ?

La pression monte déjà sur l’instance internationale. Les associations de supporters se mobilisent. Les médias relaient l’indignation. Les réseaux sociaux bouillonnent de témoignages de fans dépités, révoltés, trahis.

Reste à savoir si la FIFA acceptera de faire marche arrière. L’histoire récente suggère que non. Mais l’ampleur de la contestation pourrait forcer l’organisation à revoir au moins partiellement sa copie. Car une Coupe du monde sans ses supporters les plus fidèles, c’est un peu comme un concert sans public : techniquement possible, mais fondamentalement raté.

Le Mondial 2026 devait être une fête planétaire. Il risque de devenir le symbole d’un football de plus en plus déconnecté de sa base populaire. Un football où l’argent écrase tout le reste. Un football qui oublie d’où il vient et qui il est censé servir.

Dans six mois, les stades nord-américains s’ouvriront. Mais qui les remplira vraiment ? Telle est désormais la question qui hante le monde du ballon rond.