Au lendemain du tirage au sort historique de Washington, la FIFA a rendu public ce samedi le calendrier intégral de la Coupe du monde 2026. Pour la première fois, 48 sélections vont s’affronter dans 16 villes réparties entre le Mexique, les États-Unis et le Canada. Du coup d’envoi à l’Estadio Azteca le 11 juin à la finale new-yorkaise du 19 juillet, découvrez l’architecture complète d’un Mondial XXL.
Un casse-tête logistique transformé en calendrier cohérent
Après la cérémonie spectaculaire du tirage au sort vendredi soir, l’instance suprême du football mondial a confirmé l’ensemble des dates, horaires et stades. L’angoisse était palpable avant cette annonce. Comment orchestrer un tournoi de cette ampleur sans transformer l’expérience en calvaire pour les joueurs et les supporters ? La réponse tient dans une division géographique stricte des rencontres.
La FIFA a découpé le territoire nord-américain en trois zones distinctes. À l’ouest, Vancouver, Seattle, San Francisco et Los Angeles accueilleront les formations qui évolueront dans cette partie du continent. Le centre névralgique regroupe Guadalajara, Mexico, Monterrey, Houston, Dallas et Kansas City. Quant à la zone orientale, elle comprend Atlanta, Miami, Toronto, Boston, Philadelphie et le grand New York.
Cette organisation permet aux équipes de limiter leurs déplacements aériens. Mais elle pose aussi un défi inédit : gérer des amplitudes horaires considérables. Les rencontres s’étaleront de 19 heures (heure française) jusqu’à 9 heures du matin pour certains matchs disputés sur la côte pacifique.
Le Mexique ouvre le bal dans son temple footballistique
L’honneur du match inaugural revient au Mexique, qui affrontera l’Afrique du Sud le 11 juin à 21 heures (heure française) dans le mythique Estadio Azteca. Ce stade légendaire de Mexico deviendra ainsi la première enceinte de l’histoire à organiser trois Coupes du monde, après avoir été le théâtre des épopées de Pelé en 1970 et de Maradona en 1986.
Trois heures plus tard, à minuit pile en France, la Corée du Sud donnera le coup d’envoi de son Mondial face à un barragiste européen encore indéterminé à Guadalajara. Une programmation nocturne qui risque de compliquer la vie des supporters français désireux de suivre l’intégralité du tournoi dès ses premières heures.
Quelques heures après ces deux rencontres inaugurales, le Canada entrera en scène à domicile face à un autre barragiste européen, tandis que le Qatar défiera la Suisse sur la côte ouest américaine. La première journée s’annonce déjà marathon.
Les Bleus dans le groupe I : un parcours semé d’embûches
La France connaît désormais précisément son programme. Placée dans le groupe I, considéré comme l’un des plus relevés du tournoi, l’équipe de Didier Deschamps jouera ses trois rencontres de poules sur la côte Est américaine. Le premier choc interviendra le 16 juin à 21 heures au stade de New York/New Jersey face au Sénégal.
Un adversaire qui ramène forcément à 2002 et cette défaite inaugurale traumatisante des champions du monde en titre. Vingt-quatre ans plus tard, les retrouvailles s’annoncent électriques. Le deuxième match opposera les Bleus à la Norvège d’Erling Haaland le 22 juin à 23 heures à Philadelphie, avant de boucler la phase de groupes contre un barragiste le 26 juin à 21 heures à Boston.
Cette programmation respecte le souhait exprimé par Deschamps de rester sur la façade atlantique, où le décalage horaire reste gérable (six heures) et les températures moins extrêmes qu’au Texas ou en Arizona.
Des groupes de la mort et d’autres chemins royaux
Le calendrier révèle également les contours des autres poules majeures. Dans le groupe C, le choc Brésil-Maroc se déroulera le 13 juin à minuit à New York, une affiche XXL qui promet des étincelles. Les quintuple champions du monde auriverseront ensuite Haïti puis l’Écosse, tandis que les Lions de l’Atlas tenteront de rééditer leur parcours miraculeux du Qatar.
L’Espagne, favorite selon les prédictions statistiques avec 17% de chances de succès final, évoluera dans le groupe H face au Cap-Vert, l’Arabie saoudite et l’Uruguay. Un tirage qui permet aux champions d’Europe d’aborder sereinement leur premier tour. De leur côté, les Three Lions anglais devront se méfier de la Croatie, du Ghana et du Panama dans le groupe L.
L’Argentine, tenante du titre, semble elle aussi bénéficier d’un parcours abordable avec l’Algérie, la Jordanie et l’Autriche. Lionel Messi, s’il est de la partie, pourrait ainsi gérer sa forme progressivement avant les phases à élimination directe.
La phase finale : un parcours fléché vers New York
Une fois les groupes terminés le 27 juin, place aux seizièmes de finale qui débuteront dès le 28 juin à Los Angeles. Pendant six jours, les trente-deux rescapés s’affronteront dans une course contre la montre. Les huitièmes de finale prendront ensuite le relais du 4 au 7 juillet dans huit villes différentes.
La montée en puissance s’accélère avec les quarts de finale programmés les 9, 10 et 11 juillet à Boston, Los Angeles, Miami et Kansas City. Puis viendront les deux demi-finales, prévues à Dallas le 14 juillet et à Atlanta le 15 juillet. Une programmation qui tombe pile pendant les festivités de la fête nationale française pour la première demi-finale.
Le match pour la troisième place se jouera le 18 juillet au Hard Rock Stadium de Miami, avant l’apothéose finale. Le sacre suprême aura lieu le 19 juillet au MetLife Stadium du New Jersey, avec ses 82 500 places. Ce temple du football américain, qui a déjà vibré lors du Mondial des clubs, s’apprête à écrire une nouvelle page d’histoire.
Un format élargi qui rebat toutes les cartes tactiques
Avec ce passage de 32 à 48 équipes, les sélectionneurs vont devoir repenser leur approche. Les douze groupes de quatre équipes voient les deux premiers automatiquement qualifiés, accompagnés des huit meilleurs troisièmes. Ce système favorise une gestion prudente lors des deux premières journées, avant de potentiellement tout risquer lors du dernier match.
Cette architecture modifie également l’intensité du tournoi. Avec 104 rencontres au total contre 64 auparavant, les organisateurs promettent un mois de juillet footballistique inédit. Les diffuseurs devront jongler avec les fuseaux horaires pour proposer une couverture optimale aux télévisions européennes, asiatiques et sud-américaines.
Certaines nations débarqueront avec une pression minimale. Le Cap-Vert, l’Ouzbékistan et la Jordanie participeront pour la première fois à une phase finale, découvrant l’ivresse d’un Mondial sans le poids de l’histoire sur leurs épaules.
Les défis organisationnels d’un Mondial continental
Au-delà du calendrier sportif, ce Mondial pose des questions logistiques vertigineuses. Comment garantir la sécurité dans seize villes différentes ? Comment éviter que les supporters ne se ruinent en déplacements interminables ? La Maison Blanche elle-même s’est exprimée sur le sujet, n’excluant pas des contrôles renforcés de l’immigration aux abords des stades.
Les distances à parcourir donnent le vertige. Entre Vancouver et Miami, il y a plus de 4 700 kilomètres à vol d’oiseau. Imaginez une équipe devant jongler entre la chaleur étouffante du Texas et la fraîcheur du Canada en l’espace de quelques jours. Les staffs médicaux vont avoir du pain sur la planche pour gérer les organismes.
Cette première triple organisation pose aussi la question de l’identité du tournoi. Quelle nation pourra réellement s’approprier ce Mondial ? Le Mexique avec son match d’ouverture légendaire ? Les États-Unis qui fournissent onze stades sur seize ? Ou le Canada qui découvre sa toute première organisation d’une telle ampleur ?
Les barrages de mars dernier acte avant le grand départ
Il manque encore quelques pièces du puzzle. Les barrages intercontinentaux du mois de mars viendront compléter les groupes incomplets. La voie 1 opposera notamment la Jamaïque, la Nouvelle-Calédonie et la République démocratique du Congo. La voie 2, celle qui concerne les adversaires de la France, verra s’affronter la Bolivie, le Suriname et l’Irak.
Ces rencontres de la dernière chance ajoutent un suspense supplémentaire. Pour certaines fédérations, participer au Mondial représente un bouleversement économique et médiatique majeur. Le Suriname, 123e nation mondiale, n’a jamais disputé de phase finale. Son éventuelle qualification contre la France constituerait un choc des mondes footballistiques.
Les sélectionneurs vont désormais pouvoir affiner leurs plans de bataille. Didier Deschamps, qui a confirmé que ce serait sa dernière compétition à la tête des Bleus, dispose de six mois pour peaufiner sa stratégie face à Haaland et Mané. De l’autre côté de l’Atlantique, les stades se préparent déjà à accueillir ce qui pourrait être le Mondial le plus spectaculaire de l’histoire.


