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Le Brésil d’Ancelotti face au tirage du Mondial 2026 : entre légende et reconstruction

Le Brésil d'Ancelotti face au tirage du Mondial 2026 : entre légende et reconstruction

À quelques jours du tirage au sort de la Coupe du monde 2026, la Seleção prépare son grand rendez-vous avec l’histoire. Sous la houlette de Carlo Ancelotti, le Brésil veut reconquérir son trône mondial, vingt-quatre ans après son dernier sacre. Mais entre talents émergents et résultats en dents de scie, le géant sud-américain devra se montrer à la hauteur de sa réputation.

Un tirage stratégique pour éviter les pièges

Le 5 décembre prochain, à Washington, le football mondial retiendra son souffle. Le Brésil figurera parmi les douze têtes de série lors du tirage, un statut qui lui épargnera d’affronter dès la phase de poules les mastodontes européens. France, Espagne, Portugal : autant de nations redoutables que la Seleção ne croisera pas immédiatement.

Cette position privilégiée écarte également les confrontations précoces avec les autres géants sud-américains, à commencer par l’Argentine, championne du monde en titre. Les trois pays hôtes – États-Unis, Mexique et Canada – ne figureront pas non plus dans le groupe brésilien. Une configuration qui devrait, sur le papier, faciliter la qualification pour les phases finales.

Mais attention : dans un Mondial élargi à 48 équipes, les surprises peuvent surgir de n’importe où. Le format inédit de cette compétition pourrait bien redistribuer les cartes et faire vaciller les certitudes.

Ancelotti, le pari de la renaissance

À 66 ans, Carlo Ancelotti a décidé de relever son premier défi en sélection nationale. L’Italien, auréolé de cinq Ligues des champions (un record absolu), arrive au Brésil avec une mission claire : ramener la Seleção au sommet. Son dernier titre planétaire remonte à 2002, lors du sacre obtenu en Corée du Sud et au Japon sous l’impulsion de Ronaldo, Rivaldo et Ronaldinho.

Le technicien transalpin connaît la pression. Partout où il est passé – Real Madrid, Milan, Juventus –, seule la victoire était acceptable. Au Brésil, l’exigence sera encore plus féroce. Le pays aux cinq étoiles n’accepte qu’un seul résultat : le titre. Tout le reste serait considéré comme un échec cuisant.

Son approche tactique repose sur un équilibre savant entre défense hermétique et créativité offensive. Ancelotti veut structurer une équipe capable d’étouffer l’adversaire tout en libérant la magie brésilienne. Un cocktail qu’il maîtrise à la perfection, comme l’ont démontré ses succès madrilènes.

Vinicius Junior, l’heure de vérité

Le joueur du Real Madrid cherchera lors de sa deuxième Coupe du monde à apporter au Brésil toute l’explosion qu’il a offerte à son club, notamment lors des sacres en Ligue des champions 2022 et 2024. Pourtant, Vinicius Junior n’a jamais vraiment explosé sous le maillot auriverde. Ses performances en sélection restent bien en deçà de ses exploits madrilènes.

Peut-être qu’avec Ancelotti sur le banc – celui-là même qui l’a sublimé à la Casa Blanca – Vini trouvera enfin sa dimension mondiale. Il possède tout : la vitesse fulgurante, le dribble déstabilisant, la percussion dévastatrice. Mais il lui manque encore cette consécration planétaire, celle qui transforme un grand joueur en légende. Le contexte est idéal. À 25 ans en 2026, il sera dans la plénitude de son art. Les retrouvailles avec son mentor peuvent-elles déclencher l’étincelle manquante ? Le Mondial nord-américain pourrait bien être son moment.

Estevao, la nouvelle pépite dorée

À seulement 18 ans, le joueur formé à Palmeiras que Chelsea a recruté en 2024 pour un montant pouvant atteindre 60 millions d’euros représente l’avenir radieux du football brésilien. Estevao incarne cette génération appelée à prendre le relais, celle qui doit faire oublier les désillusions récentes.

Ancelotti mise beaucoup sur ce gamin pour revitaliser l’attaque brésilienne. Son profil explosif, sa technique raffinée et sa maturité précoce impressionnent les observateurs. Chelsea n’a pas déboursé une telle somme par hasard : le club londonien détient peut-être un futur Ballon d’Or.

En revanche, Endrick, qui faisait saliver tout le monde il y a quelques mois, semble avoir légèrement perdu de son éclat depuis son arrivée au Real Madrid. À 19 ans, il a encore le temps de rebondir, mais sa progression s’est ralentie. Les prochains mois seront déterminants pour savoir s’il figurera parmi les choix d’Ancelotti.

Un onze taillé pour la reconquête

Quelle formation Ancelotti alignera-t-il face aux défis du Mondial ? La configuration la plus probable dessinerait ceci : Alisson dans les buts, une défense composée de Vanderson, Marquinhos, Éder Militão et Douglas Santos. Au milieu, le double pivot Casemiro-Bruno Guimarães apporterait solidité et relance.

Devant, le trident offensif ferait trembler n’importe quelle défense : Estevao, Raphinha et Vinicius Junior en soutien de Matheus Cunha en pointe. Un casting XXL, bourré de talents évoluant dans les plus grands clubs européens. Marquinhos (PSG), Gabriel Magalhaes (Arsenal), Raphinha (Barcelona)… La liste des stars est interminable.

Et puis il y a la question Neymar. Absent depuis sa grave blessure au genou en octobre 2023, le prodige de Santos pourrait-il faire son retour ? À bientôt 34 ans, sa participation reste incertaine, mais son expérience et son leadership pourraient s’avérer précieux. Blessé au genou, Neymar rate la fin de saison et compromet gravement ses chances pour le Mondial 2026.

Des résultats en dents de scie qui inquiètent

Les dernières sorties brésiliennes ont de quoi semer le doute. Le Brésil a terminé les éliminatoires sud-américaines par une victoire convaincante 3-0 contre le Chili, mais a ensuite perdu 1-0 à El Alto face à la Bolivie, à 4 150 mètres d’altitude. L’altitude andine a fait des ravages, exposant les faiblesses physiques de la Seleção.

La tournée asiatique a révélé la même inconsistance frustrante. Une prometteuse victoire 5-0 contre la Corée du Sud a été suivie d’une décevante défaite 3-2 face au Japon, où le Brésil a gaspillé une avance de deux buts. Comment dilapider un tel avantage ? Ces montagnes russes émotionnelles traduisent un manque de régularité préoccupant.

Face aux sélections africaines, même schéma : victoire contre le Sénégal, nul contre la Tunisie. Cette instabilité chronique doit absolument disparaître avant le grand rendez-vous de 2026. Un champion du monde ne peut pas se permettre de telles variations de régime.

Une qualification arrachée dans la douleur

Les éliminatoires sud-américaines ont été un chemin difficile pour le Brésil, qui a notamment subi face à l’Argentine sa première défaite à domicile de toute son histoire. Ce revers historique au Maracanã a résonné comme un coup de tonnerre. Le temple du football brésilien violé par l’ennemi juré argentin : l’humiliation était totale.

Malgré quelques frayeurs, la qualification directe a finalement été obtenue avec une marge confortable. Mais le message est clair : le niveau actuel ne suffit pas pour viser le titre mondial. Des ajustements tactiques, mentaux et physiques s’imposent d’urgence. Les éliminatoires ont révélé les carences d’une équipe en reconstruction. Le Brésil a peiné à imposer sa domination habituelle, concédant des points inattendus contre des adversaires supposément à sa portée. Ancelotti devra transformer ces failles en forces.

L’héritage d’une nation de légende

Le Brésil domine toutes les statistiques importantes des Coupes du monde et est la seule sélection à n’avoir manqué aucune édition depuis 1930. Cette constance remarquable témoigne d’une culture footballistique ancrée dans l’ADN national. Avec son pentacampeonato et l’obtention définitive du Trophée Jules Rimet en 1970, le pays détient le record absolu de titres mondiaux.

La table historique des Mondiaux place le Brésil largement en tête, devant l’Allemagne. Pelé, Garrincha, Romário, Ronaldo : les fantômes glorieux hantent encore les esprits. Chaque génération brésilienne porte le poids de cet héritage colossal. Une responsabilité écrasante qui peut aussi bien paralyser que galvaniser.

Le Mondial 2026 représente bien plus qu’une compétition. C’est une opportunité de renouer avec la grandeur, de prouver que le football brésilien n’a pas perdu son âme. Sous les ordres d’Ancelotti, avec un effectif talentueux mais encore irrégulier, la Seleção va tenter de réveiller le géant endormi. Le monde du football attend impatiemment de voir si le Brésil peut encore faire danser la planète.