Le raz-de-marée était prévisible, mais pas à ce point. La FIFA a reçu au moins cinq millions de demandes de billets en seulement 24 heures après l’ouverture de la dernière phase de loterie pour le Mondial 2026. Un déluge de requêtes provenant de plus de 200 pays et territoires, avec un match qui écrase tout : Portugal-Colombie. Entre engouement planétaire et flambée des prix, la fièvre du Mondial atteint des sommets jamais vus.
La machine est lancée. Et elle tourne à plein régime. Jeudi dernier, la FIFA a ouvert une nouvelle phase de vente de billets pour le Mondial 2026 qui se tiendra aux États-Unis, au Canada et au Mexique. En l’espace de 24 heures à peine, l’instance mondiale a été submergée par au moins cinq millions de demandes d’entrées.
Cinq millions. Laissez ce chiffre résonner un instant. C’est l’équivalent de la population d’un pays comme la Norvège ou la Finlande qui se rue simultanément pour tenter d’obtenir une place dans les stades nord-américains. Un phénomène qui illustre la dimension absolument planétaire de la Coupe du monde, événement sportif le plus suivi de la planète.
Portugal-Colombie, le match le plus convoité de la phase de groupes
Parmi tous les matchs du tournoi, un duel écrase littéralement la concurrence en termes de demande : Portugal-Colombie. Cette affiche de la dernière journée du groupe K, prévue le 24 juin à Miami, a généré le plus grand nombre de requêtes de billets, selon le communiqué officiel de la FIFA publié vendredi.
L’explication est simple : ce match concentre tout ce que les supporters recherchent. D’un côté, Cristiano Ronaldo à 40 ans, dans ce qui sera probablement son dernier Mondial. L’ultime danse du quintuple Ballon d’Or, la dernière occasion de voir CR7 fouler une pelouse de Coupe du monde. Un moment historique que personne ne veut rater.
De l’autre, la Colombie, nation sud-américaine au soutien populaire massif, particulièrement aux États-Unis où la diaspora colombienne est la plus importante communauté sud-américaine du pays avec 1,4 million de personnes. Miami, ville à forte population latino, promet une ambiance électrique, bouillante, inoubliable.
Ajoutez à cela les enjeux sportifs potentiels – ce dernier match de poule pourrait déterminer le vainqueur du groupe – et vous obtenez la recette parfaite pour un événement planétaire. Pas étonnant que les demandes de billets explosent.
Les autres affiches qui font saliver
Mais Portugal-Colombie n’est pas le seul choc qui attise les convoitises. La FIFA a également détaillé d’autres rencontres de phase de groupes générant un intérêt spécial parmi les supporters du monde entier.
Brésil-Maroc, le 13 juin à New York-New Jersey, figure en bonne place. La Seleção aux cinq étoiles face aux demi-finalistes surprise du Qatar 2022, actuellement meilleure nation africaine au classement FIFA. Un affrontement qui rappelle des souvenirs : ces deux équipes se sont déjà affrontées en phase de groupes du Mondial 1998, avec en prime l’Écosse dans la même poule. Vingt-huit ans plus tard, l’histoire se répète avec une intensité renouvelée.
Mexique-Corée du Sud attire également les foules. El Tri jouant à domicile face aux Asiatiques coriaces dans une rencontre qui pourrait déterminer la qualification. L’atmosphère sera explosive.
Équateur-Allemagne promet un duel tactique fascinant. La Mannschaft quadruple championne du monde contre une équipe équatorienne qui a terminé devant le Brésil lors des éliminatoires sud-américaines. Un choc de styles, de philosophies, de générations.
Écosse-Brésil complète ce tableau des matchs les plus demandés. Et pour cause : l’Écosse fait son retour au Mondial après presque 30 ans d’absence. Sa dernière participation remonte à 1998. Toute une génération de supporters écossais n’a jamais vu son équipe nationale disputer une Coupe du monde. Cette renaissance footballistique explique la demande folle de billets de la part des Écossais.
La géographie de la passion footballistique mondiale
La FIFA a également révélé quels pays ont envoyé le plus de demandes de billets. Le classement est révélateur de la passion footballistique à travers les continents.
En tête : la Colombie. Pas vraiment surprenant compte tenu de la proximité géographique (relativement parlant), de la forte diaspora aux États-Unis, et de l’engouement national pour Los Cafeteros. Suivent l’Angleterre, l’Équateur, le Brésil, l’Argentine, l’Écosse, l’Allemagne, l’Australie, la France et le Panama.
Ce top 10 illustre plusieurs tendances. D’abord, la domination des nations américaines (Colombie, Équateur, Brésil, Argentine, Panama). Normal : le Mondial se joue dans leur zone géographique, les voyages seront moins coûteux, moins longs. L’occasion d’une vie pour beaucoup de supporters sud-américains.
Ensuite, la présence massive des nations européennes traditionnellement puissantes (Angleterre, Écosse, Allemagne, France). Ces pays possèdent des cultures de supporters bien établies, des moyens financiers conséquents, et une passion dévorante pour le football.
Enfin, l’Australie. Leur présence dans ce top 10 peut surprendre, mais elle témoigne de l’engagement des supporters australiens prêts à traverser la planète pour soutenir les Socceroos. Un voyage de plus de 20 heures d’avion depuis Sydney ou Melbourne jusqu’à Los Angeles ou New York ne leur fait pas peur.
L’Écosse, la nation de la résurrection
Le cas écossais mérite qu’on s’y attarde. Comme mentionné, le Mondial 2026 marque le retour de l’Écosse au plus grand tournoi de football après 28 ans d’absence. La dernière fois, c’était en France en 1998. Une éternité pour les supporters qui ont aujourd’hui entre 20 et 40 ans et qui n’ont jamais connu ce sentiment.
Cette longue traversée du désert explique l’explosion de demandes de billets. Les Écossais veulent être là. Ils veulent vivre ce moment historique. Ils veulent chanter dans les tribunes, porter le kilt, agiter les drapeaux, faire résonner leurs hymnes. Peu importe le prix, peu importe la distance. C’est maintenant ou peut-être jamais.
Et puis, le groupe C offre des affiches de rêve : Brésil, Maroc, Haïti. Affronter la Seleção, c’est le summum pour n’importe quelle nation. Un souvenir qui se transmet de génération en génération. Les Écossais ne vont pas rater ça.
La flambée des prix, obstacle majeur pour les supporters
Mais cette demande astronomique se produit dans un contexte explosif : la flambée généralisée des prix. Les billets et les chambres d’hôtel dans les villes hôtes ont connu une augmentation vertigineuse de leurs tarifs. Et la FIFA a instauré un système de tarification à la demande qui casse la tradition égalitaire du Mondial.
Les matchs sont désormais divisés en quatre catégories selon leur attractivité supposée. Les rencontres considérées comme les plus intéressantes affichent un prix minimum de 265 dollars l’entrée. Les billets les plus chers dépassent les 700 dollars pour la phase de groupes.
Et pour la finale au MetLife Stadium de New York-New Jersey, accrochez-vous : le prix le plus bas est de 4 100 dollars. Quatre mille cent dollars pour un seul match. De quoi faire réfléchir même les supporters les plus passionnés.
Ces tarifs ont déclenché une vague d’indignation à travers le monde. Les associations de supporters, notamment en Europe, ont accusé la FIFA d’exploiter la fidélité des fans pour générer du profit. Football Supporters Europe a même appelé à suspendre les ventes jusqu’à ce qu’une solution respectant « la tradition, l’universalité et la signification culturelle de la Coupe du monde » soit trouvée.
Mais la demande reste là. Massive. Insatiable. Preuve que malgré les prix prohibitifs, l’attrait du Mondial reste intact.
Un système de loterie qui frustre autant qu’il espère
Cette phase de vente fonctionne sur le principe de la loterie aléatoire. Autrement dit, envoyer une demande ne garantit absolument rien. La FIFA tire au sort parmi les millions de requêtes reçues. Certains auront de la chance. La plupart n’en auront pas.
Ce système génère une frustration énorme. Des supporters qui ont suivi leur équipe pendant des décennies, qui ont économisé pendant des mois, qui ont organisé leur vie autour de ce voyage, peuvent se retrouver bredouilles. Pendant ce temps, des spectateurs occasionnels, des touristes sans réel attachement au football, peuvent obtenir des billets par simple hasard.
La loterie se poursuivra jusqu’au 13 janvier 2026. D’ici là, des millions de personnes à travers le monde vont vivre dans l’espoir et l’angoisse, rafraîchissant compulsivement leur boîte mail en attendant le verdict.
Un Mondial hors normes qui bat déjà tous les records
Ces cinq millions de demandes en 24 heures ne constituent qu’un aperçu de l’engouement planétaire pour le Mondial 2026. C’est la première édition à 48 équipes. La première organisée par trois pays simultanément. La première en Amérique du Nord depuis le Mondial 1994 aux États-Unis.
Le tournoi se déroulera dans 16 villes réparties sur trois nations. Il comprendra 104 matchs au lieu des 64 habituels. Il durera 39 jours, du 11 juin au 19 juillet. Et il devrait attirer des milliards de téléspectateurs à travers le monde.
Les recettes attendues sont colossales. La FIFA table sur des revenus records, portés par les droits télévisés, les sponsors, et bien sûr la billetterie. Malgré les polémiques sur les prix, les coffres vont se remplir à une vitesse jamais vue.
Mais au-delà des chiffres et des dollars, il y a l’émotion pure. Ces cinq millions de demandes représentent cinq millions d’histoires humaines. Des familles qui économisent depuis des années. Des supporters qui réalisent le rêve d’une vie. Des enfants qui vont vivre leur premier Mondial. Des anciens qui veulent en voir un dernier.
Le football n’est jamais qu’un sport. C’est une passion universelle qui unit des milliards de personnes à travers les continents, les cultures, les langues. Et le Mondial reste son expression la plus pure, la plus intense, la plus magique.
Dans six mois, les stades nord-américains vont résonner de chants, de cris, de joies et de larmes. Et parmi ces foules, il y aura ceux qui ont eu la chance d’obtenir leur précieux sésame lors de cette loterie. Ils pourront dire : « J’y étais. J’ai vu le Mondial 2026. J’ai vécu l’histoire. »
Pour les autres, il restera la télévision, les bars, les places publiques. Et l’espoir, toujours, d’une prochaine fois.
