Marcelo Bielsa

À 70 ans, Marcelo Bielsa a qualifié l’Uruguay pour la Coupe du monde 2026, devenant le premier entraîneur étranger à accomplir cet exploit avec la Celeste. Après l’Argentine en 2002 et le Chili en 2010, El Loco s’apprête à vivre son troisième Mondial. Mais entre tensions avec les joueurs, défaite humiliante 5-1 face aux États-Unis et crise interne, le technicien argentin traverse une période tumultueuse à sept mois du tournoi américain.

Qualification historique malgré les turbulences

Le 5 septembre 2025 restera une date marquante dans l’histoire du football uruguayen. Bielsa a qualifié la Celeste pour le Mondial 2026 grâce à une victoire 3-0 face au Pérou à l’Estadio Centenario de Montevideo. Devant 60 000 spectateurs, Rodrigo Aguirre a ouvert le score d’une tête puissante avant que ses coéquipiers ne scellent le succès.

Cette qualification représente la quinzième de l’histoire uruguayenne et la cinquième consécutive. Premier entraîneur étranger à réussir cette performance avec l’Uruguay, Bielsa entre dans une catégorie exclusive. Durant les éliminatoires, son équipe a signé deux victoires de prestige : un succès 2-0 face au Brésil en octobre 2023, mettant fin à 22 ans de disette, puis une victoire historique 2-0 contre l’Argentine championne du monde à La Bombonera.

La crise qui ébranle le vestiaire

Novembre 2025, le chaos s’installe. Après un triste 0-0 contre le Mexique, l’Uruguay s’effondre face aux États-Unis avec une défaite humiliante 5-1. Cette déroute provoque un séisme médiatique. El Pais titre : « Soirée catastrophique », tandis que les supporters réclament le départ de Bielsa sur les réseaux sociaux.

Mais c’est la crise interne qui inquiète le plus. Selon plusieurs journalistes uruguayens, des joueurs référents ne supporteraient plus les méthodes de Bielsa. « Ils travaillent avec Bielsa et disent : nous ne l’aguantons pas, nous ne voulons pas continuer avec lui », révèle le journaliste Martín Charquero. Le principal grief ? Le traitement réservé aux joueurs plutôt que les méthodes d’entraînement.

El Loco assume et reste jusqu’au bout

Fidèle à sa réputation, Bielsa organise une conférence de presse inattendue après la débâcle américaine. Beaucoup pensaient qu’il allait annoncer sa démission à sept mois de la Coupe du monde. Raté. « J’ai la même force depuis le premier jour pour continuer jusqu’à la Coupe du Monde. Si, à un moment, j’ai pensé que je ne devais pas poursuivre ou démissionner, ce n’était pas maintenant », déclare-t-il avec détermination.

Le technicien argentin assume l’entière responsabilité : « Ce qui se passe est lié à ma gestion des joueurs, à ma façon d’aborder les matchs et au style que je propose. Ce qui est clair, c’est que la version que je propose de l’équipe a été surpassée. » Cette sincérité brutale, qualifiée de « sincéricide » par les médias locaux, caractérise parfaitement El Loco.

Un parcours unique dans le football mondial

Marcelo Bielsa fascine autant qu’il divise. Ancien entraîneur de l’Argentine (2002), du Chili (2010), de l’Athletic Bilbao, de l’Olympique de Marseille où il a redonné ses lettres de noblesse au « Droit au but », et de Leeds qu’il a ramené en Premier League, le septuagénaire impose partout sa philosophie radicale. Sa méthode ? Pressing intense, jeu offensif, exigence totale.

Sélection	Coupe du monde	Performance
Argentine	2002	Élimination en poules
Chili	2010	Huitièmes de finale
Uruguay	2026	À venir

Avec l’Uruguay depuis mai 2023, Bielsa a opéré une révolution générationnelle en actant les départs d’Edinson Cavani et Luis Suárez. Lors de la Copa América 2024, il a mené la Celeste jusqu’en demi-finale en éliminant le Brésil. Un parcours encourageant qui contraste avec les difficultés actuelles.

Une gestion controversée mais maintenue

Mi-novembre 2025, la Fédération uruguayenne (AUF) maintient sa confiance après quatre heures de réunion à Montevideo. Ignacio Alonso, président de l’AUF, confirme : « La crise que le match contre les États-Unis a déclenchée nous a fait travailler dur en interne. » Une condition toutefois : l’ajout d’un entraîneur uruguayen au staff technique pour faciliter les relations avec les joueurs.

Parmi les noms évoqués figurent Sebastián Abreu, Marcelo Broli (champion du monde U20 en 2023) et Mauricio Victorino. Cette solution permettrait de conserver la vision tactique de Bielsa tout en apaisant les tensions humaines. El Loco a accepté cette condition, preuve de sa volonté de mener l’Uruguay jusqu’au Mondial 2026. À 70 ans, le stratège argentin joue peut-être sa dernière carte sur la plus grande scène mondiale.